La sécurité matérielle des personnes sans emploi relève du domaine d’action des Jobcenters implantés dans les différentes communes et autres collectivités locales allemandes.
Leur rôle est d’assurer le versement des minimas sociaux aux bénéficiaires de ces revenus de transfert. En Allemagne, 6,6 millions de personnes sont concernées, dont un tiers (environ 1,8 million) sont des enfants et des jeunes.
Malgré des champs d’intervention et des publics cibles communs, l’action des services d’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse et de ceux chargés de la sécurité matérielle des plus modestes n’est pas pensée de conserve.
En Allemagne, la sécurité matérielle des personnes en âge de travailler (de 15 à 65 ans) ne disposant pas d’un revenu leur permettant d’assurer leur subsistance est assurée par des structures appelées « Jobcenters » dont les missions sont définies dans le Livre II du SGB relatif à la sécurité matérielle des demandeurs d’emploi. Les Jobcenters sont portés par les communes et leurs groupements (appelés Landkreise) et, souvent, adossés aux services des collectivités locales et de l’Agence fédérale pour l’emploi [cf. Code de la Sécurité et de l’action sociales (SGB)].
Ils fournissent des prestations financières (couramment appelées « Hartz IV »), matérielles ou de services (cf. art. 4 SGB II). L’objectif consiste toujours à favoriser une sortie rapide de la précarité, comme en témoigne l’expression « Fördern und Fordern » (encourager et exiger) : les bénéficiaires doivent se plier à un certain nombre d’obligations et sont soumis à une forte pression de retour à l’autonomie financière.
Les mineurs vivant avec leurs parents sont considérés comme ayant les mêmes besoins et bénéficient d’une aide qui varie selon leur âge. En Allemagne, de nombreux mineurs sont affectés par la pauvreté de leurs parents (cf. Pauvreté). En 2022, environ 1,8 million d’enfants et de jeunes, soit plus d’un sur sept, vivaient dans des familles pauvres (chiffre en léger recul par rapport aux années précédentes) et dépendaient donc des aides financières des Jobcenters. À Berlin et à Brême, par exemple, près d’un tiers des mineurs bénéficient de prestations sociales.
Selon l’article 4, alinéa 2 du SGB II, « les services compétents (…) assurent également l’accès des enfants et des jeunes aux services susceptibles de favoriser leur participation à la vie sociale. À cet effet, ils collaborent avec les écoles et les structures d’accueil à la journée, les acteurs de l’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse, les communes et communautés de communes, les organismes indépendants, les associations et tout autre acteur pertinent à l’échelle locale. Leur mission est de soutenir les parents et de veiller à ce que les enfants et les jeunes aient accès et qu’ils puissent participer à la vie sociale ». Ils doivent donc coopérer avec les acteurs de l’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse.
Selon l’article 13 du SGB VIII, les champs d’intervention des services d’aide sociale à la jeunesse et des Jobcenters se recoupent également en matière d’aide à l’entrée des jeunes sur le marché du travail (voir L’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse et le service public de l’emploi).
On constate toutefois qu’une absence de coopération persiste en matière d’action éducative dans les contextes de pauvreté. Or en 2019, plus de 50 % des enfants qui ont bénéficié de mesures éducatives vivaient dans des familles bénéficiaires d’aides sociales. Chez les enfants pris en charge à temps plein, ce chiffre atteignait 69 %, et 63 % chez les mineurs bénéficiant d’actions éducatives à domicile (cf. Autorengruppe Kinder- und Jugendhilfe 2021). Les mesures socioéducatives (voir la section Actions éducatives) visent donc notamment à contrebalancer les conséquences de la pauvreté chez les enfants et les jeunes, sans pour autant que les services d’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse disposent de moyens permettant d’assurer la sécurité matérielle de ces derniers. Ainsi, si les missions se recoupent, les acteurs n’ont pas ici la possibilité de collaborer.