En Allemagne, l’égalité des sexes en droit ne se traduit pas dans les faits :
Malgré l’instauration (théorique) de l’égalité et de la parité, le sexe reste en Allemagne un élément effectivement structurant qui détermine en grande partie la position sociale des individus. Les personnes qui subissent des discriminations sur la base de critères de genre sont en général à la croisée de plusieurs formes de discrimination (origine ethnique, classe, apparence physique…), et les conditions de vie varient drastiquement en fonction des différentes identités sexuelles (depuis 2018, il est possible de déclarer le sexe « divers » à l’état-civil allemand).
La rémunération horaire moyenne des femmes est de 18% inférieure à celle des hommes. Cet écart est nettement plus important en Allemagne de l’Ouest et à Berlin (20%) qu’en Allemagne de l’Est (7%), et moins important dans le secteur public (7%) que dans le privé (21%). Il existe également un écart conséquent en matière de temps de travail : 94% des hommes travaillent à temps plein, contre 34% des femmes. Les femmes représentent deux tiers des personnes dont le contrat de travail est un « petit temps partiel » (geringfügige Beschäftigung).
Les activités relevant du care sont en outre inégalement réparties : 34% des femmes en activité professionnelle travaillent dans le secteur social, contre 8% des hommes. Dans les structures d’accueil de jeunes enfants, les femmes représentent 96% des effectifs ; 90% à l’école primaire ; 87% dans les services de soins à domicile ; et 75% dans les services d’entretien. Malgré les Girls’ Day et Boys’ Day (journées de sensibilisation visant à inciter les filles à s’orienter vers des métiers traditionnellement « masculins » et inversement), l’orientation professionnelle reste sexospécifique. Les femmes assument aussi la majeure partie des activités de care non rémunérées (travail domestique, bénévolat…). On constate en outre des écarts en matière de chômage : en moyenne, les femmes restent deux fois plus longtemps au chômage que les hommes. La part des femmes au chômage depuis plus d’un an est en outre supérieure à celle des hommes.
Le risque de pauvreté est particulièrement prégnant après une séparation, ainsi que chez les femmes et les mères célibataires. 2,15 millions de femmes élèvent seules leur(s) enfant(s), contre 462 000 hommes.
La part de congés parentaux chez les parents dont l’enfant le plus jeune a moins de 3 ans diffère elle aussi fortement selon le sexe : 42,2% des femmes sont en congé parental, contre 2,6% des hommes.
80% des femmes et des filles ont déjà subi des violences domestiques et sexuelles, contre 20% des hommes et des garçons. Les violences à l’encontre des personnes LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles, intersexuelles et queer) ont doublé entre 2013 et 2020.
En matière de précarité, on ne dispose que d’estimations : moins de 30% des sans-abri seraient des femmes. Les filles/jeunes femmes seraient toutefois surreprésentées parmi les sans-abri de moins de 18 ans.
Les schèmes interprétatifs et les stéréotypes qui influent sur la perception du genre entraînent aussi des inégalités de traitement en matière d’aide sociale à l’enfance et à la jeunesse : le délai d’attente pour bénéficier de mesures éducatives, par exemple, est plus long pour les filles que pour les garçons.
La nécessité de tenir compte des conditions de vie sexospécifiques est rappelée à l’article 9 du Livre VIII du SGB, intitulé « Principes d’éducation — égalité des sexes » : « Les différences entre les conditions de vie des filles, des garçons et des jeunes trans, non binaires et intersexes doivent être prises en compte, les discriminations supprimées et l’égalité des sexes promue. »
Les rapports du gouvernement fédéral sur l’égalité des sexes font état des principales données disponibles sur le sujet.
En 2015, la communauté internationale a convenu pour la première fois d’un objectif global en matière d’égalité des sexes : dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations unies, cela constitue à la fois un objectif de développement durable à part entière et une problématique transversale à l’ensemble des 17 ODD.